Paris, Bibliothèque nationale de France, BnF Éthiopien d'Abbadie 152
Anaïs Wion
Newly catalogued in Beta maṣāḥǝft
Collection: Manuscrits orientaux, Fonds éthiopien, d'Abbadie
General description
Cartulaire des actes royaux des institutions du nord de l'Éthiopie conservé à Aksum d'Aksum
Number of Text units: 5
Number of Codicological units: 1
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Origin
Recueil d'actes des églises, des monastères et de personnes privées du nord du royaume rassemblant plus de soixante-dix actes légaux. La grande majorité concernent des donations de terres faite par des souverains dans les régions autour d'Aksum. La période couverte va de l’Antiquité, avec les souverains mythiques Abrehā et Aṣbeḥa, jusqu’aux premières décennies du dix-neuvième siècle. Néanmoins les principaux donateurs sont les souverains Lebna Dengel (1508-40) et Śarṣa Dengel (1563-97) ainsi que les dignitaires locaux de la période dite Zamana Masāfent. Les principales juridictions concernées sont celles du ?, du ?, des ? du Sirē, du Tanbēn, de l’Agāmē, de l’Ambā Sannāyt, de Hagarāy, des ? de Torāt, Zaraftā et Gandabtā. Ces actes ont dû être rassemblés dans un cartulaire à Aksum Ṣeyon pour servir de pièces témoin en cas de conflit ou en cas de perte dans les archives des institutions concernées. Il est probable que le codex original, toujours conservé à Aksum Ṣeyon, se soit enrichi ensuite d'autres donations royales. En effet, pendant l'occupation italienne, Gerardo Villari a pu consulter le Kebra Nagaśt de l'église d'Aksum qui semble être le manuscrit ayant servi à la copie du BnF Éth Abb 152. Et il mentionne de nombreuses donations postérieures à 1849, en particulier des souverains Yohannes IV et Ménélik, du rās Mangašā, etc... (Villari 1938)
1844-48Original Location: Aksum
14.129436 38.719369Provenance
Cette copie composite a été réalisée pour le voyageur français Antoine d’Abbadie dans la décennie 1840 à Aksum. La partie contenant les documents d'archives, qui fait suite à un Kebra Nagaśt , a été copiée à partir des textes présents dans «les pages blanches de l’Évangile d’Or de la cathédrale d’Aksum Ṣeyon», comme Antoine d'Abbadie le spécifie dans son catalogue (Abbadie 1859) et comme en témoigne peut-être une mention interne au volume (doc. 20, fol. 61ab-61r). Les actes sont copiés à la suite les uns des autres, tandis que dans l’original ils doivent être répartis dans les pages blanches et les espaces libres du tétra-évangile, si tant est que l’appellation Wangel za-Warq ne soit pas purement symbolique, ce qui ne peut être exclu. En effet, ce cartulaire est un recueil d’actes qui eux-même sont copiés dans les archives et donc potentiellement dans les Évangiles d’Or de leurs institutions d’origine. Aussi les nombreuses mentions internes aux Maṣḥafa Gʷelt (littéralement Document des Gʷelt , voir une proposition de traduction plus complète au document 3), ainsi qu’une mention au Maṣḥafa Mangeśt (Document du Gouvernement ) et une au Wangel za-Warq , peuvent tout aussi bien concerner les recueils d’origine et non le cartulaire de Aksum Ṣeyon.
Acquisition
Antoine est à Aksum à plusieurs reprises, fin 1844, en novembre 1847 puis en octobre 1848. Ce manuscrit porte bien la cote 152 dans ses carnets de voyage et dans l’inventaire général de sa bibliothèque. Il y porte le titre de Tārika Nagaśt (Histoire des Rois ), titre que l'on retrouve sous la forme Tārika Nagaśt za-gabru la-adbār za-qeddusān dans la note marginale au verso du premier folio de garde. Antoine d’Abbadie (1810-97) légua sa collection de manuscrits à Bibliothèque nationale.
Contents
check the viewerFols 1–58 Kebra Nagaśt
Colophon
ዛቲስ፡ ንግሥተ፡ አዜብ፡ እንተ፡ ስማ፡ ማክዳ፡ እምድኅረ፡ ተመይጠት፡ እም፡ ሰሎሞን፡ ነግሠት፡ ፳ወ፭፡ ዓመተ፡ ኀበ፡ ሃገረ፡ አክሱም፡ ወኵሉ፡ መዋዕለ፡ ሕይወታ፡ ወመዋዕለ፡ መንግሥታ፡ ድሙር፡ ፸ወ፭፡ ዓመት፡ ነግሠት፡ በሰላም፡
Translation French : Et après que cette reine Azēb dont le nom est Mākedā soit revenue du royaume de Salomon, elle vécut 35 années dans son pays Aksum, et la durée de sa vie et de son règne s’élève en tout à 75 années durant lesquelles elle régna en paix.
(Fol. 58 : Le colophon donnant les traditionnelles informations sur la traduction de l'arabe en ge'ez au temps de Ya'ebiqa Egzi puis la diffusion du texte après la dynastie zāgʷē est manquant (cf l'analyse de ce colophon par Munro-Hay 2005. En place ce trouve le court texte ci-dessous, que l'on peut désigner comme un colophon "de substitution". Les manuscrits Bodleian Bruce 93 et et BnF Éth Abb 97 comportent ce même colophon de substitution.)
(Le texte du Kebra Nagast ne comporte habituellement aucune mention à Aksum, bien que ce soit ce texte qui fonde la mythologie politique qui veuille que l'Arche d'Alliance y soit conservé. Or dans les copies manuscrites produites à Aksum et conservant aussi des documents liés à l'histoire du lieu, le texte du Kebra Nagast a été légèrement modifié afin que le nom de la ville y apparaisse. Ainsi, au folio 6, dans le chapitre 21, se trouve une variante mentionnant le nom d'Aksum : "ዛቲሰ፡ ንግሥተ፡ አዜብ፡ ርስታ፡ ወምድረ፡ ሙላዳ፡ አክሱም፡ እስመ፡ እምኔሃ፡ ተወልደት።", "Et Aksum↗ [est] la terre natale et le rest [propriété transmise héréditairement] de cette reine Azēb car c’est là qu’elle naquit". Cette variante est aussi présente dans les codex Bodleian Bruce 93 et BnF Éth Abb 97. )check the viewerFol. 58v-71 Tarika nagaśt za-gabru la-adbār za-qeddusān (Histoire des Rois concernant les impôts des monastères saints) (C'est cette partie du manuscrit qui est publiée ici.) (Wion 2006, Wion 2011a)
check the viewerFol. 72r-73v Histoire (zēnā) de Sarkis et de Tertāg rois d'Arménie (Ce texte et les suivants sont copiés d'une autre main.)
Additions In this unit there are in total 1 , 1 .
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(Type: OwnershipNote)
Au verso du premier folio de garde, ex-libris de la main d'Antoine d'Abbadie
( gez ) ዝንቱ፡ መጽሐፍ፡ ክብረ፡ ነገሥት። ወታሪከ፡ ነገሥት፡ ዘገብሩ፡ ለአድባር፡ ዘቅዱሳን። ወመጽሐፈ፡ ትርታግ፡ ንጉሠ፡ አርማንያ። ወመጽሐፈ፡ ያዕቆብ፡ ጳጳስ፡ አንቀጸ፡ አሚን። ወለዝ፡ ኵሉ፡ ዘአጽሐፎ፡ አንጦንስ፡ ፈረንሳዊ፡ በሊሐ፡ ልሳን። (L’éloquent Antoine de France a fait copier ces livres du Kebra Nagaśt, et de l’Histoire des Rois en ce qui concerne les impôts (gabru) pour les monastères des saints, et ce livre de Tertāg roi d’Arménie, et ce livre de la Porte de la Foi (Anqaṣa Amin ) par l’évêque Jacques.)
(Par ailleurs, les deux premiers textes ont été entièrement relus par Antoine d'Abbadie qui y apporte de nombreuses corrections. On peut donc penser qu'il eut accès au codex ayant servi de source pour collationner cette copie. ) -
check the viewerFol. 58va (Type: CustomaryLaw)
Clause d’immunité émise par le roi Galāwdēwos (1540-59) en faveur du monastère de Wāldebbā
( gez ) በአኰቴተ፡ አብ፡ ወወልድ፡ ወመንፈስ፡ ቅዱስ፡ አነ፡ ሠራዕኩ፡ ወአውገዝኩ፡ ለሰብአ፡ ገዳም፡ ዘዋልድባ፡ አነ፡ ንጉሥ፡ ገላውዴዎስ፡ ዘተሰመይኩ፡ አጽናፍ፡ ሰገድ፡ ከመ፡ ኢይቅረብ፡ ፩፡ ዘኢነበረ፡ ውስተ፡ ገዳም፡ በአፈ፡ አብ፡ ወወልድ፡ ወመንፈስ፡ ቅዱስ፡ ወበአፈ፡ ፲ወ፭፡ ነቢያት፡ ወ፲ወ፪፡ ሐዋርያት፡ ወበአፈ፡ እግዝእትነ፡ ማርያም፡ ወላዲተ፡ አምላክ፡ ከመ፡ ኢይባዕ፡ ጕልት፡ ውጉዘ፡ ይኩን፡ በሥልጣኖሙ፡ ለጴጥሮስ፡ ወጳውሎስ፡ ወከመ፡ ኢይፍሐቅ፡ ዘንተ፡ ዘተጽሕፈ፡ ኀብ፡ ዝንቱ፡ መጽሐፈ፡ መንግሥት።።። À la gloire du Père, du Fils et du Saint Esprit. J’ai légiféré sous peine d’excommunication pour les gens du monastère de religious-institution: Wāldebbā↗ , moi, Galāwdēwos qui ait pris le nom d’Aṣnāf Sagad , afin que celui qui ne résiderait pas dans ce monastère n’en approche pas par la bouche du Père, du Fils et du Saint Esprit, et par la bouche des quinze prophètes et par la bouche des douze apôtres et par la bouche de Notre Dame Marie mère de Dieu. Afin qu’il ne pénètre pas dans ce gʷelt qu’il soit excommunié par le pouvoir de Pierre et de Paul. Et afin que l’on n’efface pas ceci qui a été écrit dans ce maṣḥafa mangeśt 1.
- 1)
- « Acte royal » ou, plus littéralement, « document écrit du gouvernement ».
-
Donation (gʷelt) du roi Lebna Dengel à ? Tanśe’a Krestos
( gez ) በአኰቴተ፡ አብ፡ ወወልድ፡ ወመንፈስ፡ ቅዱስ፡ ጐለትኩ፡ አነ፡ ልብነ፡ ድንግል፡ ወስመ፡ መንግሥትየ፡ ዳዊት፡ ለአቡየ፡ ተንሥአ፡ ክርስቶስ፡ ዘይብልዎ፡ በሀገራይ፡ ጽራዕ፡ ድርባ፡ በተንቤን፡ ተንስሔ፡ ማይ፡ በዓቲ፡ እንዘ፡ ሀሎነ፡ በመካነ፡ ሥላሴ፡ አመ፡ ፲ወ፬፡ ለየካቲት፡ ለሠርቀ፡ መዓልት፡ ወለሠርቀ፡ ሌሊት፡ አመ፡ ፷ወ፰፡ ዓመተ፡ ምሕረት፡ ፻፸ወ፪፡ አበቅቴ፡ ፲ወ፬፡ በዝ፡ ዕለት፡ ጐለትነ፡ እንዘ፡ አዛዚ፡ ሠርጼ፡ ወእንዘ፡ ዓቃቤ፡ ሰዓት፡ ነገደ፡ ኢየሱስ፡ የሐፄ፡ እናት፡ ናዖድ፡ ሞገሳ፡ ብሕትወደድሂ፡ ግራ፡ ወሰን፡ ሰገድ፡ ተይንዕ (sic)፡ እስላም፡ ሰገድ፡ እሉ፡ አዛዞች፡ ቄስ፡ ገበዝ ኢያቄም፡ ቤት፡ ጠባቂ፡ ጽንዔ፡ በዓለ፡ መጽሐፍ፡ ጊዮርጊስ፡ ዘሔደ፡ ወዘተዓገለ፡ መኰንን፡ አው፡ ማእከል፡ ባሕር፡ አው፡ ሥዩመ፡ ተንቤን፡ እው፡ ዘንበለው፡ ውጉዘ፡ ለይኩን፡ በአፈ፡ አብ፡ ወወልድ፡ ወመንፈስ፡ ቅዱስ፡ ለዓለመ፡ ዓለም፡ አሜን። À la gloire du Père, du Fils et du Saint-Esprit. J’ai attribué en gʷelt, moi, Lebna Dengel, dont le nom de règne [est] Dāwit , à mon père Tanśe’a Krestos 1, ce qui est appelé : - dans le region: Hagarāy↗ : land: Ṣerā‘↗ ; Derbā. - dans le region: Tanbēn↗ : Tanseḥē ; land: May Ba‘āti↗ . Alors que nous étions à religious-institution: Makāna Śellāsē↗ 2, le 14 de yakātit, en période de matin, et le 68 [28]3 en période de soir, l’année de la miséricorde 1724, épacte 14? . Ce jour nous avons attribué le gʷelt. À l’époque du ? Śarṣē et de l’ ? Nagada Iyasus , de ? Nā‘od Mogasā , et aussi du ? Wasan Sagad 5 et du ? Eslām Sagad 6. Les ? [étaient] les suivants : ? Iyāqēm , ? Ṣen‘ē , ? Giyorgis . Celui qui prendra par la force ou qui enfreindra [cela], qu’il soit ? ou ? ou ? ou ? qu’il soit excommunié par la bouche du Père, du Fils et du Saint Esprit, pour les siècles des siècles, amen.
- 1)
- Les deux actes suivants mentionnent un personnage nommé Tanśe’a Krestos (n° 3, fol. 59r et n°4, fol. 60r). Il y est respectivement ? (chef du pays) et ? (père en charge du décorum). S’il s’agit de la même personne, ce qui semble probable, et que celui-ci était moine ou prêtre, comme le suggère l'appellation de « père » employée dans cet acte et dans l’acte du folio 60r, pouvait-il dans le même temps être ?, c’est-à-dire nommé à une charge de pouvoir, et ecclésiastique ? La question du recouvrement des charges et fonctions laïques et ecclésiastiques reste à explorer.
- 2)
- Cette église se trouve dans l'Amḫara Sayent. Elle fut fondée par le roi Nā‘od (1494-1508), père de Lebna Dengel. Ce dernier la fit reconstruire et lors de l’inauguration du nouveau bâtiment en janvier 1521 y fit déposer les restes de son père, selon le récit de Francisco Alvarez (Alvarez 1558) . Cf aussi une synthèse de l’histoire de l’église dans : ‘Mäkanä Śǝllase’, EAe, III (2007), 672a–672b (M.-L. Derat).
- 3)
- Le texte ge’ez porte le chiffre 68 qui est incompatible avec ce système de notation des mois lunaires. Voir Neugebauer 1979. Les chiffres 20 et 60, respectivement ፳ et ፷ peuvent en effet être aisément confondus, aussi rectifions-nous 68 en 28.
- 4)
- Il s’agirait, si cette date était exacte, du début du mois de février 1520. Peut-être peut-on supposer une erreur du scribe et il faudrait alors lire « année de la miséricorde 173 », ce qui coïnciderait avec la présence de Lebna Dengel à Makāna Śellāsē pour son inauguration à la fin janvier 1521. Alvarez mentionne en effet explicitement qu’à cette occasion, le roi renouvela les concessions foncières de Makāna Śellāsē (Alvarez 1558). On peut donc imaginer qu’il légifère aussi pour d’autres églises. De plus, et toujours suivant Alvarez, plus de « trente mille » ecclésiastiques venus de tout le pays sont présents à cette occasion.
- 5)
- Wasan Sagad assuma la régence avec la reine mère Nā‘od Mogasā après la montée de Lebna Dengel, à l’âge de douze ans, sur le trône. Il garde de hautes fonctions à la cour, puisqu’il est ? puis ?. Il meurt en juillet 1531 sur le champ de bataille. Réf
- 6)
- Eslam Sagad
-
Trois donations (gʷelt) du roi Lebna Dengel dans le Śarāwē
( gez ) በአኰቴተ፡ አብ፡ ወወልድ፡ ወመንፈስ፡ ቅዱስ፡ ተጽሕፈት፡ መጽሐፈ፡ ጕልት፡ ቀዳሚ፡ በንጉሥነ፡ ዘርአ፡ ያዕቆብ፡ ለመለጎ፡ ምድረ፡ ጓንኳ፡ እምነ፡ ወይዘራት፡ ወአነ፡ ሐደስኩ፡ ልብነ፡ ድንግል፡ ለመለጎ፡ በከመ፡ ሠርዑ፡ አቡነ፡ ቀዳሚ፡ ከመ፡ ይኩን፡ ተዝካሮ፡ ለአቡነ፡ ቴዎድሮስ ፤፤ ወካዕበ፡ እምነ፡ ሠራዌ፡ ጐለትኩ፡ ጕልት (sic)፡ ቤት፡ ገበዝ፡ ለማርያም፡ ዘደቅ፡ ኢታ፡ ለአባ፡ ዮሐንስ፡ ወእንዘ፡ ሥዩመ፡ ሰራዌ፡ አሮን። ወካዕበ፡ ጐለትኩ፡ ለሚካኤል፡ ዘድባርዋ፡ ጕልተ፡ ለሰብአ፡ ሰዓታት፡ ለደቂ፡ ኢታ፡ ለአባ፡ ዮሐንስ፡ ዓደ፡ አይሰኁት፡ በጸምዓ፡ እንዘ፡ ባሕረ፡ ነጋሢ፡ ሮስ፡ ነቢያት፡ ወእንዘ፡ ንቡረ፡ እድ፡ ኖብ፡ ወእንዘ፡ ቀይሰ፡ ገበዝ፡ ኢያቄም፡ ወሊቀ፡ ዲያቆናት፡ በሥእለት፡ ወቤት፡ ጠባቂ፡ ጽንዓ፡ ማርያም፡ ወእንዘ፡ በዓለ፡ መጽሐፍ፡ አብርሃም፡ ወእንዘ፡ ነፋሕ፡ ገንታ፡ ጰንጠሌዎን፡ እመሂ፡ ሥዩም፡ ወእመሂ፡ መኰንን፡ ዘሄደ፡ ወዘተዓገለ፡ ውጉዘ፡ ለይኩን፡ በአፈ፡ አብ፡ ወወልድ፡ ወመንፈስ፡ ቅዱስ። À la gloire du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Le document du gʷelt (maṣḥafa gʷelt) fut écrit tout d’abord par notre roi Zar’a Yā‘eqob , [mentionnant que] pour Malago [était attribuée en gʷelt] la terre de Gʷānkʷā faisant partie de Wayzarāt. Et moi Lebna Dengel j’ai renouvelé pour Malago ce que notre père avait institué autrefois afin que que cela soit pour le tazkār de l’ ? Tēwodros . Et aussi dans le region: Śarāwē↗ 1 j’ai attribué en gʷelt Bēt Gabaz 2 à [l’église] Maryam des Daqq Itā 3, à ? Yohannes , à l'époque du ? Aron . Et aussi j’ai attribué en gʷelt à [l’église] religious-institution: Mikā’ēl de Debārwā↗ 4, des gʷelt aux gens [qui sont chargés de l’office] des Heures5, aux Daqqi Itā, à ? Yohannes : [la terre de] ‘Ada Aysaḫut de Ṣam‘ā. À l’époque du bāḥer nagāśi role: title Ros Nabiyāt , et à l’époque du ? Nob , et du ? Iyāqēm , et du ? Baśe’elat et du ? Ṣen‘ā Māryām et du ? Abrehām et du ? (sonneur de trompe) Panṭalēwon . Qu’il soit ? ou ?, que celui qui prend par la force ou enfreint [cela] soit excommunié par la bouche du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
- 1)
- Dans la boucle du Marab, sur la rive nord, situé aujourd'hui en Érythrée. Aussi connue avec la graphie Sarāyē.
- 2)
- Bēt[a] Gabaz signifie littéralement « maison du trésor », mais il semble ici qu’il s’agisse bien d’un toponyme. Deux autres documents dans ce cartulaire, les actes 65 et 23, mentionnent une terre nommée Bēta Gabaz dans lesquels elle est attribuée au monastère de Dabra Bankʷāl, dans le Sirē.
- 3)
- Lit. « enfants, peuple » de Itā.
- 5)
- L’Office des Heures (sa‘ātāt) - un office chanté célébré de nuit en période de jeûne- fait partie des réformes liturgiques imposées par le souverain Zar’ā Yā‘eqob. Cette réforme prit un tour particulièrement coercitif à l’église d’Aksum car le souverain y établit un ? afin de faire appliquer ce nouveau service liturgique. Voir le texte de la Chronique : Perruchon 1893 et une analyse de la mise en place de cette réforme : Wion 2009a.
-
Donation (gʷelt) du roi Lebna Dengel à une princesse de sang royal sur les terres de Saglāmēn
(Attribution en gʷelt par le roi Lebna Dengel de la vallée fertile de Saglāmēn à une princesse descendante du neguś Dāwit (1379/80-1413).) (Vallée située au sud d’Aksum, la terre de Saglāmēn est mentionnée comme appartenant à l'église d'Aksum Ṣeyon dans l’une des versions du gʷelt des rois Abreḥā et Asbeḥā. Ce dernier document, souvent copié dans des versions différentes, (doc. 43, fol. 66ra dans ce manuscrit) fut probablement forgé étant donnée la période antique à laquelle il est censé avoir été rédigé, les rois Abreḥā et Asbeḥā étant des rois semi-légendaires du quatrième siècle. Or Saglāmēn est la dernière des terres mentionnées dans cet acte « antique » ce qui laisse penser que la mention de Saglāmēn y fut un ajout ultérieur. Il y a certainement eu des conflits entre l'intérêt du pouvoir royal et celui de l'église d'Aksum sur cette plaine fertile très proche de l'agglomération aksumitaine. Éd. : Conti Rossini 1909b Conti Rossini 1910a ; Huntingford 1965a. 1508-40 ) -
Donation (gʷelt) du roi Ba'eda Māryām (1468-78) à Māy Wayn, renouvelée par Lebna Dengel
(Attribution à Māy Wayn de terres en gʷelt par le roi Ba'eda Māryām dans la région du Ṣenbelā, au Sirē, pour la célébration de son tazkār et du tazkār marial. Cette donation gʷelt est renouvelée par Lebna Dengel. ) (L’intérêt de ce document réside dans le fait qu’il témoigne d’une donation de terre pour un tazkār royal du vivant même du souverain qui accorde l’acte et qu’il insiste sur la puissance de cet acte qu’est le tazkār. Cette pratique, que l’on rencontre aussi dans des textes narratifs (Colin 2010 : 79 par exemple), montre le soin accordé à la préparation de ce rituel commémoratif et l’importance de celui-ci, en particulier dans le processus de l’intercession. Il est aussi possible que le tazkār ait été, dans une certaine mesure, un motif conventionnel de la contrepartie due en échange d’une donation foncière royale, ce qui minimiserait l’importance de la memoria dans les motivations de l’acte de donation. Mais ce document montre bien que cette hypothèse a minima ne peut être acceptée sans supposer aussi l’authenticité de l’échange dans certains cas de figure. Par ailleurs, ce document doit être lu en association avec celui qui le suit, lui aussi un renouvellement de gʷelt par Lebna Dengel à la même église mais dont l'acte initial est attribué à Zar’a Yā‘eqob (1434-68). On note que les listes des témoins et fonctionnaires royaux chargés d’établir et de légitimer ces deux actes sont sensiblement différentes. Ces deux renouvellements de gʷelt à Māy Wayn, qui concernent des terres différentes, auraient donc été effectués par Lebna Dengel à deux moments différents. Éd. : Conti Rossini 1909b Conti Rossini 1910a ; Huntingford 1965a. 1508-40 ) -
Donation (gʷelt) du roi Zar'a Yā‘eqob (1434-68) à Māy Wayn, renouvelée par Lebna Dengel (1508-40)
(Attribution en gʷelt par le roi Zar'a Yā‘eqob des terres de Esṭifā et Māy Ṭāfāt à Māy Wayn, rebaptisée Gubā'ē Māryām. Ce gʷelt est renouvelé par Lebna Dengel. ) (Comme pour le document précédent (n°5), il s’agit d’un renouvellement par Lebna Dengel d’un gʷelt du quinzième siècle. Ces deux documents confirment que le lieu a du changer de nom ou à tout le moins que son église a du être consacrée à Marie et qu’elle s’appelle alors Gubā'ē Māryām (Réunion de Marie), selon ce document, ou Dabtarā Māryām (Tente de Marie), selon le précédent. On peut sentir ici le poids des réformes en faveur du culte marial sous le règne de Zar’a Yā‘eqob. La pratique du changement de nom semble avoir été une des stratégies utilisée pour accompagner ces réformes, le cas du monastère de Dabra Asbo devenant Dabra Libānos en étant le plus célèbre. Éd. : Conti Rossini 1909b Conti Rossini 1910a ; Huntingford 1965a 1508-40 ) -
Donation (gʷelt) de Lebna Dengel au monastère de [Dabra Dehuhān Enda] Yonās [de Qʷoḥayn], en 1520-21
(Pāwlos, le successeur du fondateur, l'abbé Yonās, obtient du roi Lebna Dengel, en 1520-21, l’attribution de nombreux gʷeltāt à l'établissement. Ces terres sont réparties selon quatre ensembles géographiques : Waraqat ; Dabra Qeddus ; Zānonā ; Bāraknāhā. ) (Cet acte de donation au monastère eustatéen de Dabra Dehuhān Enda Yonās de Qwoḥayn peut être comparé à deux autres actes de donation de terres émis par le gouverneur du Sarāwē, Belēn Sagad, et conservés dans les archives du monastère (ca. 1489, date de la fondation). Ces documents sont édités, traduits et commentés par Lusini 1998. L’analyse comparée montre en effet que cette donation de Lebna Dengel est un renouvellement royal des donations précédemment effectuées par le gouverneur du Sarāwē. Éd. : Conti Rossini 1909b Conti Rossini 1910a ; Huntingford 1965a. 1520-21 ) -
Renouvellement de la donation (gʷelt) de la reine Egzi'e Kebrā par Lebna Dengel
(Renouvellement du gʷelt de Egzi'e Kebrā par Lebna Dengel sur la terre de Memesāḥ. ) (Il s’agit d’un renouvellement à la mère du roi Zar’a Yā‘eqob, qui est donc décédée au moment de la donation. On peut supposer qu’il s’agit d’un renouvellement à une église qui lui avait appartenue. La longue liste de dignitaires est particulièrement intéressante en ce qu'elle mentionne le ? préposé à la mise en place du gʷelt. Éd. : Conti Rossini 1909b Conti Rossini 1910a ; Huntingford 1965a 1508-40 ) -
Donation (gʷelt) du roi Zar'a Yā‘eqob (1434-68) à [Māḫbara Māryām] l'église d'? Iyosyās
(Le roi Zar'a Yā‘eqob attribue des terres à [Māḫbara Māryām] l'église d'? Iyosyās. Il conclut un pacte (kidān) avec les gens du pays pour garantir la clause d’immunité. ) (Il existe trois versions différentes connues de cet acte de donation, celle-ci comprise. La deuxième est conservée dans le même manuscrit, au folio 70va (doc. 67). Selon celle-ci, cinq terres sont attribuées à l'église de Māḫbara Māryām dans la région de Burē, dont trois coïncident avec la liste, plus longue, du document présent. L'hagiographie (gadl) de Iyosyās, conservé dans l’église de Māḫbara Māryām, propose une troisième version sensiblement différente : seules deux terres y sont mentionnées, Gurē et Qaṭantānē. Il n’y est pas fait mention des tazkār car celui de l’abbé fondateur est déjà amplement traité à la fin du gadl. Enfin il est précisé que le souverain Zar’a Yā‘eqob avait fait modifier le nom de l’église pour la dédier à Marie. Éd. : Conti Rossini 1909b Conti Rossini 1910a ; Huntingford 1965a. 1434-68 ) -
Donation (gʷelt) de Lebna Dengel aux enfants de Dāfla, se rendant [en ambassade] à Jérusalem
(Deux terres, Ambā Dorḥo et Baqlā, sont attribuées en gʷelt aux enfants de Dāfla car celui ci se rend à Jérusalem.) (S'agit-il d'une sorte d'assurance permettant aux enfants et descendants du voyageur de bénéficier d'un moyen de subsistance pendant le départ du chef de famille ? Ou aussi plus en amont, d’un apport de richesse pour préparer ce voyage ? Le souverain avait probablement un intérêt dans ce voyage du nommé Daflā vers la terre sainte, pour s’inquiéter ainsi du bien être de sa famille. Il peut lui avoir confié des lettres ou des messages, des sommes d’argent, des cadeaux pour la communauté éthiopienne présente là-bas, ainsi que pour les représentants des différents pouvoirs politiques sur place et le long du chemin. En effet, deux textes édités et traduits par J. Kolmodin mentionnent Dāflā et précisent son statut et celui de son voyage vers Jérusalem. Ainsi, selon les « Annales du Père Māḥṣanta Māryām » en 1514 (année 168 de la Miséricorde), le ? Dāflā, accompagné du fils de Amda Mikā’ēl, se rendent à Jérusalem « sur ordre du roi » (Kolmodin 1912, Kolmodin 1915). Puis, salon une liste de tazkār initiant la Chronique de la famille d’Asgadom, fils de Zar’āy, le ? Dāflā meurt le 5 miyāzyā de l’an 183 de la Miséricorde, en mars 1531, probablement lors d’une des plus grandes victoires de l’? Ahmed, dans le Dawāro. (Kolmodin 1912).Éd. : Conti Rossini 1909b Conti Rossini 1910a ; Huntingford 1965a. ca. 1514 (1508-1531 ) ) -
Donation (gʷelt) accordée par le roi Śarṣa Dengel (1563-97) au ? Gabra Māryām
(Cette attribution de terre gʷelt à une personne privée est sous la protection d’un anathème lancé par l’? Mārqos. ) (Une critique interne des informations contenues dans cet acte dont un certain ? Gabra Māryām est le bénéficiaire ne révèle pas de contradictions chronologiques. Tous les dignitaires cités furent probablement présents lors du règne de Śarṣa Dengel. Ainsi le ? Amda Mikā'ēl est-il ? dans les actes 32, 33 et 34, tandis que le ? Takla Śellus est probablement toujours en place pendant le règne de Susneyos (1607-32) (voir doc. 39). De même un métropolite du nom de Mārqos fut en charge entre 1570 et 1582/88. Néanmoins, la place de la copie de cet acte dans le cartulaire, entre deux actes (doc. 9 et 11) datés du règne de Lebna Dengel et dans lesquels un ? Gabra Māryām est présent, laisse à penser que le copiste à penser ou a voulu signifier qu’il s’agissait d’une même personne. Étant donné l’assez grand laps de temps entre les deux périodes (Gabra Māryām est mentionné dans un acte daté de 1520-21), on peut retenir l’hypothèse la moins avantageuse pour le copiste. Ainsi la similitude de nom et de fonction entre deux ? Gabra Māryām l’aurait simplement conduit à placer ce document à cet endroit, brisant ainsi la structure relativement fiable chronologiquement de ce début de cartulaire. Chacun des deux règnes a connu un métropolite du nom de Mārqos ce qui a pu favoriser une telle méprise. Éd. : Conti Rossini 1909b Conti Rossini 1910a ; Huntingford 1965a. 1563-97 ) -
Donation de terre (gʷelt) de Lebna Dengel à Walda Ḫārāgedāy, un voyageur
(La terre de Ad Gabso attribuée en gʷelt au voyageur Walda Ḫārāgedāy et à ses enfants est en réalité donnée, probablement pour sa gestion, à l'église d'Aksum. ) (Ce document est de même nature que le document 9 et fut émis à la même période. La terre destinée à subvenir aux besoins du voyageur et/ou à payer ses charges pendant son absence est confiée à l’église d’Aksum. La terre de Ad Gabso qui est dévolue à cette fonction est par ailleurs mentionnée dans un document énumérant les terres d’Aksum Ṣeyon contribuant au bēta neguś. Il s’agit du document Conti Rossini 1909b , copié dans les compilations historico-légales relatives à l’église d’Aksum. Il y est copié après les cinq gʷelt « primitifs » d’Aksum Ṣeyon (voir par exemple le ms. BnF Éth. Abb. 97, fol. 89r ou Éth. Abb. 225 fol. 30). On peut donc en déduire qu’à un moment cette terre revint en propriété à l’église, qui n’en était au début du seizième siècle que simple administratrice. Éd. : Conti Rossini 1909b Conti Rossini 1910a ; Huntingford 1965a. 1508-40 ) -
Ordonnance (te’ezāz) émise par Lebna Dengel relative à la titulature du ? d’Amba Śannayt . በእንተ፡ ሕዱግ፡ ዘአምባ፡ ሠነይት፡
(Ce document rappelle en premier lieu qu’à l’époque du roi Amda Ṣeyon et suite à une révolte, la région de Amba Śannayt avait été punie et à sa tête avaient été nommés des êtres non-humains. Le roi Lebna Dengel impose ensuite que le ? de l’Amba Śannayt soit considéré au même titre que les autres ? de région et que le souvenir des êtres non-humains soit éradiqué. ) (Il semble que vers 1320 le roi Amda Ṣeyon (1314-44) avait écrasé une rébellion menée par Yā‘ebika Egzi'e, gouverneur de l’Entartā, ce dernier étant à la tête d’une coalition de princes du nord du royaume contre le souverain. Suite à cela, le souverain aurait implanté sur l’Ambā Śannayt une colonie militaire qui lui servit de base pour mener des actions militaires dans la région et la garder sous son contrôle (voir la synthèse menée par Derat 2003).
L’analyse des quelques textes connus, essentiellement des actes royaux, documentant cet épisode reste à mener. Ainsi, l’étude de Taddesse Tamrat (Taddesse Tamrat 1972) serait entièrement à reprendre avec un examen plus approfondi de la documentation. Dimitri Toubkis aborde ce problème de la documentation relative à cet épisode dans sa thèse de doctorat, (cf Toubkis 2004). Ainsi l’un des actes de l’Évangile d’Or de Dabra Libānos de Hām, Conti Rossini 1901a, tout autant que les folios fol. 38b-40a du manuscrit BL Or. 695, seraient à reconsidérer.
Le présent document montre à tout le moins que lors du règne de Lebna Dengel (1508-1540), soit deux siècles après cet épisode, il fallut un acte royal pour normaliser la situation de l’Amba Śannayt au sein de la région et du royaume. À moins que celui-ci n’ait seulement pris acte d’une normalisation de fait du statut de cette région.
Ed. Conti Rossini 1909b Conti Rossini 1910a ; Huntingford 1965a. 1508-40 ) -
Donation (gʷelt) de Lebna Dengel à Belulāzān
(Le souverain accorde une terre à Belulāzān « afin que cela soit pour sa subsistance (sisāy) pendant sa vie et pour sa commémoration (tazkār) après son trépas, et afin que cela revienne à ses enfants et aux enfants de ses enfants. » ) (Ce document est la première et la plus ancienne donations en gʷelt à une personne privée contenue dans ce cartulaire. Elle met en lumière l'un des mécanismes de la donation de terre en gʷelt, à savoir permettre au bénéficiaire d'en tirer un revenu de son vivant, puis à ses enfants qui en hériteront, d'organiser sa commémoration et ainsi de partager le bénéfice de cette terre avec la communauté, par le biais de l'institution religieuse. Éd. : Conti Rossini 1909b Conti Rossini 1910a ; Huntingford 1965a. a.q. 1529-30 ) -
Donation (gʷelt) par Lebna Dengel à Robēl
(Ce gʷelt est attribué à Robēl pour qu’il le transmette ensuite à ses descendants.) (Robēl, grand officier proche du souverain Lebna Dengel, fut ? puis, à partir de 1523, ?. Chef d’armée valeureux, il meurt au combat en 1529. Cette donation est peut-être faite ou du moins rédigée post-mortem. En effet, la mention dans cet acte de l’? Tarbinos montre qu’alors le ? Ṣen‘ā Māryām n’est plus en poste, or il est encore présent dans un acte daté de novembre 1530. De même, le ? et le ?, deux charges occupées de façon stable durant le règne de Lebna Dengel, sont ici remplies par deux personnes différentes du reste du corpus. Éd. : Conti Rossini 1909b Conti Rossini 1910a; Huntingford 1965a. [p.q. 1523-a.q. 1529] [car mention de Robēl] ) -
Renouvellement du gʷelt de Madarā [Enda Abbā Garimā] par Lebna Dengel
(Le gʷelt accordé à ? Garimā par le roi Gabra Masqal pour le sanctuaire de Madarā est renouvelé par Lebna Dengel. Il est situé sur les terres de Ṭāfā, Adwā, Lagʷamt et Hāgarāy. ) (Il s’agit ici du renouvellement de la donation par le roi Gabra Masqal faite au monastère fondé par Garimā, l’un des « Neuf Saints » qui auraient évangélisé l’Éthiopie à la fin du royaume d’Aksum. Deux autres versions de cette donation « originelle » au monastère sont connues. L’une est copiée dans le manuscrit BnF Éth. Abb. 225, au folio 144. C’est le document II-3 édité par Conti-Rossini (Conti Rossini 1909b). L’acte ne contient qu’une très longue liste de terres, recoupant en partie celle-ci. Une autre version de cette donation est aussi connue par l’homélie à l’? Garimā, une homélie qui fait office de récit hagiographique pour ce saint et qui aurait été rédigée au quinzième siècle (Conti Rossini 1897 pour le texte ge’ez ; Conti Rossini 1910a pour une traduction partielle de l’acte). Comprise dans un texte narratif, elle est plus développée (incluant ainsi un récit de miracle légitimant une partie de la dotation foncière) mais conserve les traces du formulaire diplomatique. Elle est assez proche de ce document qui, probablement, s’en inspire. Éd. : Conti Rossini 1909b Conti Rossini 1910a ; Huntingford 1965a. [p.q. 1523-a.q. 1529] [car mention de Robēl] ) -
Renouvellement de la donation (gʷelt) de l’église Abbā Panṭalēwon par Lebna Dengel
(Renouvellement par Lebna Dengel du gʷelt d’Abbā Panṭalēwon attribué originellement par Kālēb et Gabra Masqal. ) (Les noms des terres formant le gʷelt ne sont pas mentionnés. Par contre la clause d’immunité semblerait indiquer que trois provinces recouvrent les terres appartenant à l’église d’Abba Panṭalēwon : le Gandabtā, le Torāt et le Zaraftā. Le document 23 mentionne conjointement ces trois régions. Abbā Panṭalēwon est un monastère situé à quelques kilomètres au dessus de la ville d’Aksum, et l’? du Zaraftā, et dans une moindre mesure celui de Torāt, sont très souvent mentionnés dans les clauses d’immunité concernant l’église d’Aksum Ṣeyon elle-même. Éd. : Conti Rossini 1909b Conti Rossini 1910a ; Huntingford 1965a. 20è année du règne de Lebna Dengel [1528] ) -
Donation (gʷelt) de Lebna Dengel fait pour ou par le ? Aḥmad
(Émis pour ou à l’époque de l’? Nagada Iyasus, ce gʷelt a été promulgué par ou pour le ? Aḥmad ?.) (La compréhension de ce document pose problème. Tout d’abord le destinataire du gʷelt n’est pas clairement identifié, sauf à comprendre qu’il s’agit de l’? Nagada Iyasus, ce qui paraît peu probable étant donné le statut très élevé de ce personnage et la probable simplicité de cette donation de terres. Il manque une liste complète des dignitaires mais on peut imaginer qu’ici le nom de l’? Nagada Iyasus résume cette partie du discours diplomatique. Il n’est pas plus aisé de comprendre le rôle du chef des marchands et des douanes (?) Aḥmad. Il est celui qui accompli l’acte de l’attribution du gʷelt (za-agʷelata) et donc ne semble pas non plus être le bénéficiaire. La forme très elliptique de cet acte laisse penser qu’il s’agirait d’un brouillon, d’un aide-mémoire. Éd. : Conti Rossini 1909b Conti Rossini 1910a; Huntingford 1965a. 1508-40 ) -
Donation (gʷelt) de Lebna Dengel à Zemāl, śeyum de Bur, et à sa famille, en 1529
(Attribution de terres par Lebna Dengel dans la région de Bur au śeyum de cette même région ainsi qu’à sa femme et à leur fils.) (Ce document mentionne l’épouse du dignitaire recevant la donation foncière. On voit là une fois de plus l’importance d’une donation de terre en statut gʷelt pour la formation de la richesse d’une famille, et peut-être aussi de l’aisance matérielle liée à une fonction de gouverneur de région, au cas où celle-ci serait aussi transmise héréditairement. Ce document serait, selon C. Conti Rossini (1910, p. 42, n. 1) fondateur pour les traditions de l’Akkalā Guzāy. Éd. : Conti Rossini 1909b Conti Rossini 1910a; Huntingford 1965a. Vingt-et-unième année du règne de Lebna Dengel [1529] ) -
Donation (gʷelt) de Lebna Dengel à l’azzāzi Takla Iyasus
(Gʷelt de Lebna Dengel à l’azzāzi Takla Iyasus sur la terre nommée Ebr Albē.) (Éd. : Conti Rossini 1909b Conti Rossini 1910a; Huntingford 1965a. 1508-40 ) -
Acte de nomination de Liqānos à la charge de žān ṣegē d’Aksum par Lebna Dengel
(Liqānos reçoit la charge de žān ṣegē, c’est-à-dire de préposé au services des Heures dans l’église d’Aksum Ṣeyon. Il reçoit avec cette charge quatre territoires (gē). La liste des dignitaires, particulièrement détaillée, mentionne les responsables de Nā‘ēder. ) (L’office des žān ṣegē avait été créé par Zar’a Yā‘eqob et mis en place à Aksum sous la direction d’un nouveau dignitaire, le liqa Aksum, possédant des droits sur la région de Nā‘ēder, située au sud d’Aksum (Voir la Chronique de ce souverain, Perruchon (1893: 51-52) et le gʷelt de Zar’a Yā‘eqob à Aksum Ṣeyon, Conti Rossini 1909b. Pour une analyse de cette réforme et de ces deux textes, voir Wion 2009a) . Ce document témoigne de la pérennité ou de la remise à jour de cette structure au début du seizième siècle. Par ailleurs, c’est dans cet acte de donation que se trouve la mention de sa copie sur ordre royal dans le Wangel za-Warq, Évangile d’Or. Enfin, on notera le raffinement de la langue et des formules de ce document. La phrase : « Jusqu’à la fin des temps, en jugeant je ne jugerais pas et en oubliant je n’oublierais pas » est, dans l’état actuel de nos connaissances, un hapax de la littérature diplomatique et sa signification ambiguë Éd. : Conti Rossini 1909b Conti Rossini 1910a; Huntingford 1965a. )
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